Chaque partie de notre cerveau étant spécialisée dans une fonction particulière, les lésions cérébrales vont altérer les fonctions liées aux régions endommagées.
Les conséquences d’une lésion au cerveau dépendent de la gravité de la lésion et de la zone touchée. La lésion cérébrale acquise peut provoquer un ensemble de troubles et de séquelles fonctionnelles, variables dans leur nature ou leur intensité, et dont certains sont dites invisibles.
Les fonctions physiques, sensorielles et motrices et leurs troubles.
Les sens permettent de percevoir, entrevoir et comprendre le monde extérieur. Ils permettent de capter les stimuli extérieurs qui seront transmis, via des influx nerveux, au cerveau qui les analysera.
On pense majoritairement à l’ouïe, le toucher, la vue, l’odorat et le goût. La sensibilité ne se limite pas au toucher. Il y a la proprioception (la perception de la position du corps dans l’espace), la nociception (la sensibilité à la douleur), la thermoception (la sensibilité à la chaleur), … soit, tout ce qui permet à l’humain d’appréhender son environnement et interagir de façon cohérente avec lui.
Une cérébrolésion peut abîmer les organes sensoriels et les nerfs qui les innervent et par conséquent altérer nos sens. Les conséquences potentielles sont entre autres :
- Une atteinte de l’odorat, appelé anosmie
- Une atteinte du goût
- Une atteinte de l’audition : surdité, hypoacousie
- Une atteinte de l’organe de l’équilibre située dans l’oreille ; syndrome vestibulaire
- Une atteinte des voies visuelles : baisse d’acuité visuelle, cécité, une amputation du champ visuel (hémianopsie,..), une paralysie des nerfs de la motricité de l’œil (diplopie,..)
- Une perte de sensibilité d’un membre
En plus des sens précédemment cités, ces atteintes peuvent également avoir des répercussions sur la motricité.
Les cellules nerveuses responsables de la motricité et du contrôle du mouvement peuvent être touchées par des lésions à différents niveaux et dans différentes régions du cerveau.
Cela entraîne de la paralysie des muscles qui ne reçoivent plus de signal nerveux. La paralysie peut toucher la moitié du corps dans l’hémiplégie ou des parties plus isolées. La paralysie peut être complète (plégie) ou incomplète (parésie).
Une lésion cérébrale peut également avoir un impact sur le tonus musculaire. Les signaux échangés entre le système nerveux central et les muscles ne sont plus optimaux. Cela peut entrainer un déséquilibre qui se traduira par une activité musculaire excessive ou par des spasmes. Cet excès de tonus musculaire (hypertonie) s’appelle la spasticité. En plus d’être responsable de la détérioration d’un ou de plusieurs membres, elle peut également impacter la posture ou l’équilibre.
La lésion peut également toucher le cervelet ou des zones anatomiques reliant cet organe au reste du système nerveux central. On parle alors de syndrome cérébelleux. Il peut avoir pour conséquence des troubles de la station debout, des troubles de la marche par manque d’équilibre ou de coordination des mouvements.
Les fonctions cognitives et leurs troubles
Les fonctions cognitives regroupent les fonctions instrumentales, les fonctions attentionnelles, les fonctions exécutives et la mémoire.
Ces fonctions reprennent le langage, les praxies et les gnosies.
Les zones du langage sont principalement situées dans l’hémisphère gauche. Toutefois, l’hémisphère droit a un rôle non négligeable dans certaines fonctions langagières. Il est utile dans le traitement des métaphores, de l’humour, des aspects émotionnels et prosodiques qui accompagnent la communication verbale ainsi que la prise en compte du contexte dans la compréhension des phrases et du discours.
Le langage et la communication dépendent de multiples processus sensori-moteurs, cognitifs et émotionnels. Chaque partie du cerveau intervient d’une façon ou d’une autre dans le fonctionnement du langage et/ou de la communication. Les lésions cérébrales pourront donc avoir une incidence plus ou moins importante sur le langage et sur la communication selon le ou les sites lésionnels.
- L’aphasie
L’aphasie est un trouble acquis qui survient suite à une atteinte de l’hémisphère dominant pour le langage : l’hémisphère gauche.Elle se manifeste par une altération à des degrés divers de l’expression orale, de la compréhension orale, de la lecture et/ou de l’écriture :
Troubles de l’expression orale
- atteinte du débit de parole : le débit de parole se place sur un continuum avec d’un côté, une absence de parole (mutisme) et de l’autre, un débit de parole rapide et important (logorrhée). Ce débit de parole peut varier d’une personne à l’autre et être perturbé lors de la présence d’une aphasie.
- atteinte de la prosodie : la prosodie correspond au ton, à l’intonation, à l’accent que nous donnons à notre expression orale en fonction de nos émotions et du message que nous voulons faire passer. La personne aphasique peut présenter une atteinte de la prosodie et parler de manière monotone sans accentuation de l’intonation.
- réduction des énoncés : la personne s’exprime avec des phrases plus courtes, la structure de la phrase est simplifiée et réduite (par ex. « le rideau … elle… fenêtre »). Il arrive que la longueur des phrases soit correcte, mais que la construction de la phrase soit incorrecte (par ex : « nous vendent du béton »). Dans certains cas, la personne n’arrive à s’exprimer qu’à l’aide du « oui » et du « non ».
- manque du mot : la personne présente des difficultés à trouver le bon mot, peut utiliser des mots généraux (par ex : le truc, le machin, l’affaire,…) pour compenser ses difficultés d’accès au bon mot. Elle utilise également des circonlocutions (par ex : le truc que tu utilises pour conduire) pour se faire comprendre.
- transformation du langage : la personne aphasique peut réaliser des paraphasies, c’est-à-dire dire un mot pour un autre (par ex : « prends mon manteau » alors qu’elle veut dire « chapeau ») ou déplacer / transformer un son dans un mot (par ex : « croitre » pour « croire »).
- jargon : lorsque la personne jargonne, elle transforme, déforme et invente de nouveaux mots. Ses propos sont souvent incompréhensibles.
- stéréotypie / persévération : on parle de stéréotypie quand une personne répète à plusieurs reprises, voire continuellement, le même son, le même mot ou le même segment de phrase, quel que soit le contexte. On parle de persévération lorsque la personne donne systématiquement la même réponse à différentes questions.
Troubles de la compréhension orale
Malgré l’absence de problème auditif, la personne aphasique peut présenter des difficultés de compréhension. Elle ne comprend plus ce qu’on lui demande, les consignes/ordres qu’on lui donne. Le contexte environnemental va permettre à ces personnes de compenser à minima leurs difficultés.
Troubles de l’écriture et de la lecture
Les difficultés au niveau de l’écriture et de la lecture sont souvent concomitantes aux difficultés relevées au niveau de l’expression orale même si elles ne sont pas toujours présentes de manière simultanée.
On parle d’agraphie lorsque les troubles touchent l’expression écrite. Ils se manifestent par des réductions dans les énoncés écrits, du jargon, des transformations écrites, des persévérations voire une incapacité complète à écrire.
On parle d’alexie lorsque les troubles touchent la lecture. Ils se manifestent par une perturbation de la lecture des lettres, des mots ou des phrases. L’accès à la compréhension écrite est alors altéré, voire impossible.
L’aphasie va donc avoir des répercussions sur la vie quotidienne de la personne et de sa famille. Tout ce qui était naturel avant, peut devenir difficile voire impossible : discuter, téléphoner, regarder la télévision, lire le journal, écouter la radio, écrire une lettre ou encore effectuer ses comptes…
- les troubles cognitivo-communicatifs
Les troubles cognitivo-communicatifs se caractérisent par une diminution des capacités à communiquer et surviennent lors d’une atteinte de l’hémisphère droit. Ils découlent de difficultés cognitives sous-jacentes, c’est-à-dire l’attention, la mémoire, les différentes fonctions exécutives, etc. La personne présentant de tels troubles peut éprouver des difficultés dans :-
- le respect des règles conversationnelles (par ex : couper la parole, passer du coq à l’âne,…) ;
- les interactions sociales (par ex : adaptation du niveau de langage en fonction de l’interlocuteur);
- la compréhension du second degré (par ex. humour, métaphores,…) ;
- le traitement de données écrites (par ex. recherche d’informations,…) ;
- etc.
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- la dysarthrie
Contrairement à l’aphasie, qui est un trouble du langage, la dysarthrie est un trouble moteur de la parole. C’est un ensemble de troubles de la parole résultant d’une anomalie de la force, de la vitesse, de l’amplitude, de la stabilité, du tonus ou de la précision des mouvements requis pour la respiration, la phonation, l’articulation et les aspects prosodiques de la production de la parole. - La dysphagie
La dysphagie est un trouble de la déglutition. Une personne présentant une dysphagie va éprouver des difficultés à avaler, à transférer de la nourriture (liquide ou solide) de la bouche vers l’estomac. Ces difficultés résultent d’un manque de mobilité, de sensibilité, de tonus et de coordination des muscles responsables de la déglutition.On parle de dysphagie quand le problème est récurrent. En effet, il est arrivé à tout le monde d’avaler de travers occasionnellement.
Une praxie est un programme moteur qui a été appris et automatisé. Par exemple : Marcher, saluer de la main, tenir ses couverts pour manger,…
Suite à une lésion cérébrale, la personne peut éprouver des difficultés à réaliser ces gestes ou actions de façon automatique et fluide et ce sans qu’il n’y ait d’atteinte motrice ou sensorielle. Une tâche quotidienne comme s’habiller le matin devient soudainement très compliquée et demande alors de réfléchir au sens des vêtements, à l’ordre dans lequel il faut les mettre (absence d’automatisation) pour ne pas se tromper. Cette difficulté n’est pas continue. La personne peut parfois réussir à exécuter ces actions ou ces gestes, au prix d’efforts importants et de beaucoup d’attention. Elle peut parfois ne pas y arriver.
Lorsqu’on observe des difficultés dans les praxies on parle alors de dyspraxies.
Il s’agit de la capacité à diriger stratégiquement son attention vers quelque chose et la capacité de pouvoir décoder les stimuli environnants. Après une lésion cérébrale, on peut avoir des troubles de reconnaissance alors que les processus sensoriels sont par ailleurs intacts. Les informations sont donc traitées, mais ne sont plus analysées de manière logique. Lorsque ces fonctions sont atteintes, on parle d’agnosies. Elles peuvent être liées spécifiquement à un sens. On parle alors d’agnosie visuelle, auditive, sensorielle,…
L’alerte et et la vitesse de traitement de l’information:
Cette notion recouvre donc les temps de réaction à une stimulation extérieure, comme par exemple le temps nécessaire pour pousser sur la pédale de frein quand un obstacle se présente devant le véhicule (alerte tonique). Un déficit de cette fonction d’alerte tonique entrainera donc un ralentissement global de la personne. Cette capacité doit normalement pouvoir être optimisée par un signal avertisseur (alerte phasique). Mais cette fonction peut elle aussi être atteinte ; le signal agira alors comme un élément perturbateur.
Elle permet le maintien de l’attention de façon continue et stable durant de longues périodes de temps. Par exemple : écouter et traiter les informations durant toute une heure de cours. Les personnes présentant une altération de cette fonction vont éprouver des difficultés à rester concentrées dans des tâches plus longues, ce qui se marque par une augmentation des échecs et erreurs. Cela peut aussi expliquer une plus grande fatigabilité.
Cette capacité nous permet de filtrer l’information pertinente et d’atténuer les éléments distracteurs. Elle permet d’effectuer un choix, une sélection parmi les nombreuses informations qui nous parviennent ainsi que de distinguer l’information du bruit de fond. Une atteinte de cette fonction cognitive va provoquer une distractibilité anormale : le patient a du mal à focaliser son attention sur les informations importantes et s’en détourne régulièrement. Il sera, par exemple, incapable de se focaliser sur une conversation si d’autres personnes tiennent d’autres discussions dans la même pièce.
Elle permet de traiter simultanément plusieurs sources d’information, de partager son attention entre ces différentes sources et de réaliser simultanément deux actions cognitives de manière efficace. Par exemple, préparer un repas tout en surveillant ses enfants.
En cas d’atteinte, les personnes présentent d’importantes difficultés à réaliser plusieurs tâches simultanément. En situation de double tâche, la personne va soit se montrer très ralentie dans l’exécution de celles-ci, soit va devoir privilégier une tâche qu’elle juge prioritaire. Par exemple, lors de la conduite d’une auto, la personne s’investit dans une conversation mais risque de ne plus voir les dangers de la route.
De manière générale, ces fonctions interviennent lorsque la tâche nécessite « un contrôle » sur l’action à effectuer. Elles facilitent l’adaptation du sujet à des situations nouvelles et aux fluctuations de l’environnement.
On considère l’inhibition comme la capacité à contrôler des comportements automatiques. Un déficit peut engendrer d’importantes difficultés à se contrôler et une nette tendance à l’impulsivité. L’inhibition est, par exemple, ce qui nous permet de ne pas dire ou faire tout ce qui nous passe par la tête.
Une atteinte de l’inhibition peut se manifester de diverses manières.
Au niveau comportemental, une personne désinhibée va se lancer dans une activité sans prendre le temps de réfléchir à la réaction adaptée, au mode opératoire ou aux conséquences de ses actions. Elle réalise des activités de façon pressée, brouillonne, désorganisée. Cette personne aura tendance à faire une multitude de choses tout en ayant des difficultés à les mener jusqu’au bout. Il peut lui arriver d’outrepasser des règles et des interdits.
Sur le plan verbal, on observe une certaine volubilité, des réponses impulsives (un mot pour un autre, des réponses au hasard,…), une tendance à interrompre les gens, de nombreux commentaires et digressions, des associations d’idées non contrôlées, un langage parfois familier, voire grossier ou déplacé, un discours peu structuré.
Sur le plan émotionnel, des réactions impulsives peuvent apparaître, ainsi que des rires ou des pleurs immotivés.
Il s’agit de la capacité de passer d’un type de traitement / activité / contenu de pensée à un autre. Cette fonction permet d’ajuster et de modifier le comportement ou le plan d’action en fonction des données nouvelles de l’environnement, et ainsi pouvoir agir de différentes manières. Par exemple, dans une situation problématique, la flexibilité va permettre d’élaborer une autre solution, si la première ne fonctionne pas.
Les conséquences d’une atteinte de la flexibilité aboutissent à une certaine rigidité mentale. On remarque une tendance à persévérer sans raison dans un comportement, une humeur, une idée, … (même dans les erreurs). Ces personnes ont du mal à percevoir les choses d’un point de vue différent ; des problèmes divers engendrent des réponses identiques, stéréotypées. Confronté à un échec ou un changement imprévu, le patient a des difficultés à adopter une stratégie alternative.
Capacité d’une personne à prendre la meilleure décision en tenant compte de l’ensemble des paramètres.
- Prendre la décision la plus adaptée en fonction de son système de valeurs
- Analyser tous les éléments
- Sur activation des choix immédiats à plus grande impulsivité
On entend par organisation et planification, la capacité à mettre en place des stratégies de résolution de problèmes. Il s’agit en fonction du but poursuivi, d’organiser les moyens et les étapes à mettre en œuvre pour y arriver. Par exemple, pour organiser un dîner avec des amis, il faut d’abord réfléchir au menu en fonction des invités, puis établir une liste des courses, organiser ces courses, évaluer le temps nécessaire pour la réalisation du menu, puis seulement commencer à le préparer.
Une atteinte des processus de planification va engendrer d’importantes difficultés à élaborer des stratégies pour résoudre un problème. L’organisation d’une journée, d’un repas devient une tâche ardue, parfois impossible. Quand on leur demande d’élaborer et d’expliquer leur stratégie, ces patients n’ont pas de plan précis et n’expriment qu’une idée très vague de ce qu’ils vont mettre en place pour atteindre le but fixé. Ils oublient fréquemment des étapes déterminantes ou ont du mal à séquencer les actions. Des petits problèmes quotidiens peuvent sembler insurmontables suite à une atteinte de la planification.
L’initiative nous permet de nous mettre en marche pour faire quelque chose. Si cette fonction est atteinte, on parle d’apathie. La personne a alors du mal à s’engager spontanément dans une activité, éprouve des difficultés à formuler des projets, n’a aucune envie (en dehors des comportements automatisés de longue date et de la satisfaction des besoins élémentaires). En conséquence, la personne risque de se cantonner dans des activités automatiques et répétitives, comme boire du café, fumer, rester devant la télévision pendant des heures. Sur le plan fonctionnel, il s’agit d’une difficulté fortement invalidante.
Ces fonctions regroupent un ensemble de capacités permettant la mémorisation à court et long terme d’informations variées.
On parle souvent de LA mémoire mais, en réalité, il en existe plusieurs. Il existe des mémoires à court terme et des mémoires à long terme et il existe des modules de mémoire différents en fonction du type d’informations à retenir (visuelles, verbales,…)
Ce que l’on appelle la mémoire de travail peut s’apparenter à la mémoire vive d’un ordinateur. Elle est impliquée dans le maintien d’informations à des fins d’utilisation immédiate ; elle permet la rétention temporaire et la manipulation d’informations afin de réaliser des tâches cognitives, comme le raisonnement, la compréhension, …
Elle-même se divise en 3 composantes.
Il y a tout d’abord deux mémoires à court terme qui servent à stocker de l’information à des fins d’utilisation immédiate et se distinguent l’une de l’autre, par le type d’informations qui y est stockée : l’une permet la rétention à court terme d’informations verbales, par exemple retenir un numéro de téléphone pour l’effectuer ensuite sur le clavier. L’autre est utilisée pour la rétention à court terme d’informations visuelles, par exemple mémoriser le trajet pour aller d’un point A à un point B après avoir consulté un plan.
Vient ensuite la troisième composante de la mémoire de travail, l’administrateur central. Il permet de manipuler les informations temporairement stockées dans les mémoires à court terme. Par exemple, pour faire un calcul mental comme 36+18-3 = ?, il s’agit de manipuler mentalement les chiffres tout en retenant l’énoncé ainsi que les résultats partiels du calcul. Il permet aussi de réaliser différentes tâches simultanément, comme par exemple parler et écrire en même temps. C’est également l’administrateur central qui permet la mise à jour de l’information contenue dans la mémoire à court terme.
Cette mémoire de travail est donc essentielle dans la vie quotidienne et une atteinte de l’une ou l’autre de ces composantes est susceptible d’avoir des répercussions majeures dans différentes sphères du fonctionnement cognitif : raisonnement, résolution de problèmes, difficultés à suivre une conversation à plusieurs,…
Ce type de mémoire permet de stocker de l’information et de la rappeler à un moment éloigné de la mémorisation. A l’instar des mémoires à court terme, il existe aussi différents types de mémoire en fonction des informations qui doivent être stockées :
-la mémoire épisodique (nos souvenirs personnels et autobiographiques vécus à un moment précis)
- la mémoire visuelle (un trajet à retenir)
- la mémoire sémantique (connaissances générales)
- la mémoire procédurale (ensemble des procédures et routines d’actions sur-apprises).
Par ailleurs, le fonctionnement de chacune de ces mémoires sollicite 3 mécanismes différents que sont l’encodage, le stockage et la récupération.
Les troubles de la mémoire sont fréquents lors d’une lésion cérébrale car la mémoire dépend de plusieurs structures du cerveau. Se souvenir de quelque chose implique que l’on soit capable d’enregistrer des informations et de les stocker de manière à y avoir accès au moment où l’on a besoin d’elles. Chaque étape du processus de mémorisation et les différents types de mémoire peuvent être atteints d’une manière isolée ou en association et à des degrés divers et de manière fluctuante. La fluctuation du fonctionnement de la mémoire renforce l’interprétation erronée que peuvent avoir des tiers en termes de manque de volonté ou du peu d’effort, or le déficit est bien réel.
Une mémoire lésée peut se traduire de plusieurs manières. Si le sujet a des difficultés à se souvenir d’informations acquises avant le début de la maladie ou du traumatisme, on parle d’amnésie rétrograde. Si le sujet est incapable d’enregistrer de nouveaux faits, on parle alors d’amnésie antérograde ou d’oubli à mesure. Ce type d’amnésie est fréquemment la conséquence d’une atteinte des processus d’encodage et/ou de stockage. Si l’atteinte se situe plus au niveau de l’étape de la récupération de l’information, les personnes sont capables de mémoriser de nouvelles informations, mais ne parviennent pas toujours à se les remémorer au moment voulu. Dans ce cas, Le rappel mnésique peut s’améliorer grâce à des indices sur l’information à retrouver.
L’atteinte de l’un des systèmes de mémoire ne signifie pas que les autres systèmes ne fonctionnent plus. Il est donc important de s’appuyer sur les autres types de mémoire pour permettre de nouveaux apprentissages.
Une autre atteinte fréquente est celle de la métacognition, autrement appelée anosognosie. Il s’agit d’une altération de la conscience de soi et du monde environnant. Ainsi la personne cérébrolésée n’aura bien souvent qu’une conscience partielle de ses troubles et aura donc peu de plaintes de prime abord.
Les troubles émotionnels, comportementaux et relationnels
Les problèmes émotionnels et comportementaux consécutifs à une lésion cérébrale, tout en étant parfois sous-estimés et complexes à évaluer, sont pourtant fréquemment.
Dans le registre des troubles internalisés peuvent apparaître, par exemple, de la dépression, de l’anxiété, une humeur changeante, de l’apathie, de la distorsion de la réalité ou encore des symptômes de stress post-traumatique.
Dans le registre des troubles externalisés, on retrouve de l’agressivité, un manque d’empathie, une inadéquation sociale (désinhibition), des abus de substances, de l’hypersexualité ou encore des achats compulsifs.
L’interaction des différents troubles cognitifs et la présence de troubles spécifiques des émotions et du comportement vont donner lieu à un comportement global souvent déroutant voire inadapté. On observe généralement deux grandes tendances sur le plan comportemental.
La personne est passive, présente une réduction de son activité ou/et de son intérêt, exprime peu de besoins et présente une certaine indifférence émotionnelle. Rien ne la motive, mais rien ne l’ennuie non plus. Elle s’engage peu ou pas d’elle-même dans une activité surtout si celle-ci n’est pas immédiate et nécessite une planification complexe. On note une tendance à rester sur des schémas/activités familiers.
À l’inverse, la personne peut manifester une expansion de l’humeur. Elle se montre impulsive et très peu consciente de ses difficultés. On note une labilité émotionnelle et une sensibilité accrue à la frustration. La personne peut également présenter un manque de distance sociale, des paroles ou des gestes inappropriés, une tendance à la familiarité excessive et éprouve des difficultés à respecter les règles sociales et l’opinion d’autrui.
Il est important de signaler que ces deux tendances peuvent coexister chez une même personne. Ces difficultés peuvent lui donner un air vraiment bizarre qui sera rarement compris comme étant la conséquence d’une lésion cérébrale, mais interprété comme un trait de caractère, de manque de motivation ou de respect, ou de fainéantise.
La manière dont la personne peut adapter ses émotions et ses comportements doivent être considérés à la lumière d’autres facteurs tels des éléments personnels relationnels, contextuels ou environnementaux.
Outre les divers problèmes émotionnels et comportementaux évoqués ci-dessus et directement liés à la lésion (symptômes primaires), il convient également d’évoquer les problèmes émotionnels associés à la réaction psychologique de la personne (symptômes secondaires). Ils peuvent se traduire par de la dépression, de l’anxiété, de l’anxiété sociale, une baisse d’estime de soi, des problèmes d’identité, des problèmes de motivation, une modification de la représentation de soi, d’autrui et du monde, avec le développement de croyances dysfonctionnelles, du déni, un sentiment de perte de contrôle et d’auto-efficacité, de la stigmatisation, de l’agressivité…
Selon le moment d’apparition, certaines réactions émotionnelles ou comportementales seront adaptatives ou contre-productives : par exemple, dénier ses séquelles à l’annonce d’un diagnostic permet à court terme de lutter contre une réaction dépressive, mais à long terme pourrait entraîner des difficultés d’adaptation ou induire des comportements à risque.
Les diverses modifications émotionnelles et comportementales consécutives aux lésions cérébrales peuvent avoir un impact non négligeable sur la qualité de vie des personnes et dans les relations qu’elles entretiennent avec leurs proches.